Le goût sucré des pastèques volées de Keyi Sheng

1ère lecture de ma troisième année de L’été, lisons l’Asie, allez c’est parti pour un été de découverte asiatique!

Je revois la lueur de la lampe à pétrole, le sombres dansantes sur le mur comme un film muet, et la vie qui s’écoulait tout doucement dans cette lumière, au gré de laquelle nous grandissions lentement.

Petit résumé:

C’est le goût inoubliable de l’enfance que nous livre ici Sheng Keyi, une brassée de parfums et de saveurs venus du plus loin de son enfance dans la campagne du Hunan.
L’odeur des eaux dormantes où, se faisant une petite barque d’une bassine en fer, elle va cueillir les fleurs de lotus et les châtaignes d’eau. L’arôme discret des fleurs du jujubier sous lequel elle faisait ses devoirs, celui du riz cuit dans la paille et des beignets d’armoise et de citrouille cuisinés avec les légumes du potager maternel.
C’est un pays d’étangs et de rizières, où l’on mange à peine à sa faim, où l’on ne possède rien. La petite fille rêve de déployer ses ailes et de découvrir le monde au-delà de la rivière. Et elle y réussira, qui sait, mais entre-temps tout ce qui faisait la joie de son enfance aura été détruit. A la liberté de la petite sauvageonne d’alors répond la rare liberté de ton de la romancière d’aujourd’hui.

Lorsque disparait toute trace de l’histoire, dans les vieux villages qui étaient un paradis, la vie semble se réduire à une forme nécrosée du passé et être progressivement frappée d’hémiplégie.

Mon avis sur l’ouvrage:

C’est un roman très court mais j’avoue avoir passé du temps à le lire, 2 jours pour 100 pages… J’ai du mal à me positionner.

Au fil des chapitres, l’auteure nous raconte sa vie dans la campagne chinoise, dans la chine de son enfance, celle d’avant, sans écran ni téléphone, sans pollution, une chine pleine de rites, de partage et de jeux. On ne connait pas la date, on ne sait pas à quand remonte ses souvenirs. Ça pourrait être beau . Oui, j’utilise du conditionnel car finalement, je ne sais pas.

Je ne sais pas quoi?

Je ne sais pas si l’auteure embellit ses souvenirs comme on peut tous le faire, ne gardant que le meilleur et oubliant le reste, j’ignore si tout est vrai aussi, je ne connais que les clichés de la chine et du coup, certaines choses, en tant qu’européenne, m’ont choquées.

Je ne sais pas si l’auteure est dans l’introspection ou si elle est véritablement cynique. Elle semble si critique envers la Chine, la modernité. On voit qu’elle refuse le progrès, pour parfois de bonnes raisons, je ne nie pas, elle nous livre d’un œil froid ou plein de larmes la Chine polluée, les cours d’eau et les étangs asséchés, les légumes génétiquement modifiés et bien d’autres choses. Je n’arrive pas à me situer vis a vis de sa volonté et des messages passés. Alors que la Chine soit excessivement polluée, tout ça, OK, je le sais et je le déplore bien évidemment et je trouve ça courageux de sa part de le dénoncer de cette façon mais malgré tout, après avoir fini ce roman, je me dis que ça aurait pu être écrit d’une autre façon moins … cynique oui.

Finalement, on alterne entre la beauté des souvenirs et le dégoût du reste, je n’ai pas réussi à lire un message d’espoir ou de volonté de faire changer les choses. J’ai toujours été perdue sur cette frontière. Ce livre reste à l’image de la chine que j’ai , mystérieuse.

Les gens de nos jours aiment passer leurs vacances dans des campagnes recrées artificiellement, en quête de charmes rustiques, tout en détruisant la nature et en produisant de pâles imitations. Les humains ressemblent à des mouches sans tête qui volent sans savoir où elles vont.

Il n’y a plus d’étangs, de nos jours, il ne reste que des fosses d’eau noire au-dessus desquelles bourdonnent des moustiques ou des mouches. Les enfants pêchent devant leur ordinateur, sans se douter qu’il y avait autrefois tant de beauté dans ce coin de terre.

Publié aux éditions Philippe Picquier.

Lu du 1 au 3 juin 2021.

3 commentaires

Laisser un commentaire