Les revenants de Laura Kasischke

Voilà un livre qui rentrait pile poil dans mes thématiques de lecture du mois d ‘octobre avec un titre et une histoire tournant autour des fantômes… Je me suis dit « super, je fonce! » mais j’ai foncé avec une petite retenue car j’avais lu tout de même des avis négatifs sur ce roman et selon moi, à la place du cercle rouge marqué « Prix des lecteurs sélection 2013 », il faudrait mettre un bandeau rouge: A lire en cas d’insomnie, excellent somnifère!

L’auteure est avant tout une poétesse et on reconnait bien le style un peu ailleurs des poètes, cette autre vision du monde. En soi , ça ne me dérange pas, j’aime beaucoup, tout du moins quand je lis un recueil de poèmes… mais là… vous verrez, mon avis n’est pas très positif. J’ai d’ailleurs Esprit d’hiver dans ma PAL et ça me fait un peu peur maintenant, même s’il est plus court.

Petit résumé:

Élève brillante, Nicole était douce et sociable (cheftaine scout, membre de plusieurs associations d’étudiantes). Elle meurt subitement dans un accident terrible.
À l’automne suivant, tandis qu’un nouveau semestre commence, Craig, l’ancien petit ami de Nicole est renvoyé de l’université médiocre où il était entré par relations. Tenu pour responsable de la mort de Nicole mais relâché faute de preuves, il ne parvient pas à surmonter le drame, ne cesse d’y repenser et a l’impression de voir Nicole partout.
Perry, son colocataire, était dans le même lycée que Nicole. Lors d’un séminaire sur la mort par Mira Polson, professeur d’anthropologie, il fait part de ses interrogations et de ses doutes quant à la disparition de la jeune fille. Il dit avoir connu la vraie Nicole : une personne manipulatrice, malhonnête, et séductrice. De son côté, Shelly Lockes, unique témoin de l’accident, conteste la version officielle, selon laquelle Nicole, baignant dans une mare de sang, n’aurait pu être identifiée que grâce à ses bijoux. Selon elle, la jeune fille était inconsciente mais ne présentait aucune lésion.
D’étranges événements surviennent alors: mystérieux appels téléphoniques, cartes postales énigmatiques, apparitions de Nicole… ou d’une fille qui lui ressemble. La rumeur enfle à Godwin Hall, précipitant Craig, Perry, Mira et Shelly au cœur d’un ténébreux mystère qui va transformer leurs vies pour toujours: se pourrait-il que, trop jeune pour mourir, Nicole soit revenue ?

Les jeunes défunts étaient particulièrement propres à inspirer semblables histoires, et les jeunes vivants paraissaient particulièrement inspirés par leurs pairs trépassés. Or, Nicole Werner campait un parfait fantôme de campus.

Mon avis sur l’ouvrage:

Dur dur ! une semaine pour le lire! Incroyable! J’ai rarement lu un livre qui avait autant de pouvoir soporifique!

Commençons par ce que j’ai apprécié, ça va être court: l’écriture. Très belle plume, le côté poétesse de l’auteure se ressent énormément et j’adore. C’est une autre sphère de la réalité.

Maintenant, ce que je n’ai pas apprécié:

Gros point noir: la construction du roman en lui-même. Je n’ai rien contre les incursions dans le passé, les changements de personnages mais là le problème c’est la façon dont ça arrive et sans aucun repère spatio-temporel, je déteste. on a 3 lignes avec Perry dans le présent suivi de 5 lignes avec Shelly dans le passé puis 4 lignes avec Craig dans le passé et 6 lignes, toujours avec Craig, mais dans le présent. Je vous assure que pour comprendre quelque chose au départ, c’est coton et ça dure 650 pages! vous associez tout ça à la plume atmosphérique de l’auteure et vous obtenez… un somnifère. J’étais parfois obligé de revenir en arrière pour comprendre ce que je lisais alors que j’avais posé le livre une petite heure.

Les personnages ne sont pas désagréables même s’ils représentent de véritables caricatures et pas un seul ne semble lambda, réel. ils ont tous un rôle dans le but de dénoncer certaines pratiques et ça ne m’a pas plu. Quand je lis un livre, j’aime m’attacher aux personnages, ressentir des émotions envers eux, je n’aime pas lire le rôle d’un personnage. Je ne sais pas si je suis très clair mais c’est vraiment ça, j’ai eu la sensation qu’ils jouaient tous un rôle. On trouve le gosse e riche désabusé qui tombe amoureux de la belle fille qui veut rester vierge jusqu’au mariage, la lesbienne quadra en pleine crise, le bon élève qui aime sa mère et repasse son linge, qui travaille bien, bref le mec idéal, sans oublier la prof universitaire mère de famille à qui son mari reproche de travailler. C’est trop. En fait, par certains aspects, les personnages m’ont rappelés ceux de Sex Intentions, si vous avez vu ce film sorti il y a une vingtaine d’année maintenant vous en comprendrez certains.

L’histoire en elle-même n’est pas mal mais son exploitation ne m’a pas plu. On devine beaucoup de choses voire tout trop vite et le pire, c’est que finalement on se rend compte aussi, que ce n’est que secondaire et que ce n’est pas le but du livre, le but étant la dénonciation de cette vie universitaire aux lettres grecques (fraternité ou sororité). C’est une pratique que je juge désuète et dangereuse, totalement d’un autre temps et qui malheureusement existe dans toutes les grandes écoles donc, je suis d’accord avec l’idée d’un roman qui dénonce ces pratiques de bizutage et autres mais là, ce n’est pas assez incisif, pas assez mordant c’est trop… poétique et comme l’histoire de Nicole est finalement accessoire et ne sert que de faire valoir à cette dénonciation, ça ne m’a pas convaincue. Pire, je me suis ennuyée mais ça vous l’aviez déjà compris et même si tout s’accélère vers la page 450 (ah ah ah!!) ça ne rattrape rien. En plus, j’ai eu la sensation que l’auteure en profitait pour mettre en avant d’autres causes et c’est bien de les défendre mais là, ça fait beaucoup… la stigmatisation des lesbiennes qui pervertissent les jeunes étudiantes et l’image de la mère de famille qui doit arrêter de travailler sous peine de se faire quitter, OK, je conçois qu’on veuille se battre pour ces causes, mais pas tout en même temps, s’il vous plait! là, c’était trop et ça m’a perdue.

Lu du 13 au 19 octobre 2019

Publié chez Le livre de poche

5 commentaires

  1. « A lire en cas d’insomnie, excellent somnifère! » Cela m’a fait bien rire ! Ta chronique ne m’a pas donné envie de lire ce roman, par contre j’aime beaucoup ton style d’écriture et je m’abonne à ton blog pour découvrir des lectures auxquelles tu accroches plus 😀

    Aimé par 1 personne

  2. […] Élève brillante, Nicole était douce et sociable (cheftaine scout, membre de plusieurs associations d’étudiantes). Elle meurt subitement dans un accident terrible. À l’automne suivant, tandis qu’un nouveau semestre commence, Craig, l’ancien petit ami de Nicole est renvoyé de l’université médiocre où il était entré par relations. Tenu pour responsable de la mort de Nicole mais relâché faute de preuves, il ne parvient pas à surmonter le drame, ne cesse d’y repenser et a l’impression de voir Nicole partout. Perry, son colocataire, était dans le même lycée que Nicole. Lors d’un séminaire sur la mort par Mira Polson, professeur d’anthropologie, il fait part de ses interrogations et de ses doutes quant à la disparition de la jeune fille. Il dit avoir connu la vraie Nicole : une personne manipulatrice, malhonnête, et séductrice. De son côté, Shelly Lockes, unique témoin de l’accident, conteste la version officielle, selon laquelle Nicole, baignant dans une mare de sang, n’aurait pu être identifiée que grâce à ses bijoux. Selon elle, la jeune fille était inconsciente mais ne présentait aucune lésion. D’étranges événements surviennent alors: mystérieux appels téléphoniques, cartes postales énigmatiques, apparitions de Nicole… ou d’une fille qui lui ressemble. La rumeur enfle à Godwin Hall, précipitant Craig, Perry, Mira et Shelly au cœur d’un ténébreux mystère qui va transformer leurs vies pour toujours: se pourrait-il que, trop jeune pour mourir, Nicole soit revenue ? https://loeildesauron190081932.wordpress.com/2019/10/19/les-revenants-de-laura-kasischke/ […]

    J’aime

Laisser un commentaire