Un peu plus loin sur la droite de Fred Vargas

Le chasseur-cueilleur est sûr comme un aurochs, en beaucoup plus avisé. Mais tout dépend si la chose l’intéresse.

J’ai lu ce titre, encore une fois, pour le challenge Degomme ta pal et je me suis régalée et pour cause, je suis fan de Fred Vargas.

Fred Vargas, pour celles et ceux qui ne connaissent, c’est avant tout un style, ça ne plait pas à tout le monde car ça semble, et c’est, décalé. Ses personnages semblent tous vivre dans un monde parallèle avec une logique qui leur est propre et du coup leurs interactions avec le monde commun paraissent surréalistes. Mais que ce soit avec Adamsberg, les évangélistes ou Kehlweiler, ou même dans ses romans indépendants, je plonge avec bonheur dans cet univers surélevé.

Attention, ce sont avant toutes choses des romans policiers mais avec des enquêteurs d’un autre genre, d’une autre planète que la nôtre tout simplement! ou en tout cas, il semble être venus de la lune pour Adamsberg, peut être de Jupiter pour Kehlweiler quant aux évangélistes, on peut dire Mars, Uranus et Venus.

Ce livre fait partie d’une série sur Les Évangélistes, c’est le deuxième. Il faut donc lire, pour tenter de comprendre quelque chose (même si je les ai tous lu dans le désordre!):

  • Debout les morts (1995)
  • Un peu plus loin sur la droite (1996)
  • Sans feu ni lieu (1997)

Bien j’ai posé le décor, parlons un peu de celui ci avec une petite présentation des personnages si vous ne les connaissez pas:

Les personnages principaux du livre:

  • Mathias Delamarre, dit « Saint Matthieu » : archéologue spécialiste de la Préhistoire. Il erre souvent en sandales et quasiment nu.
  • Marc Vandoosler, dit « Saint Marc » : homme de ménage le jour, médiéviste la nuit. Adore porter de lourdes bagues en argent.
  • Ludwig Kehlweiler, dit l’Allemand, ancien flic, possède un réseau national d’indicateurs et un crapaud nommé Bufo.

Je sais que ça peut paraitre étrange mais, ça ne l’est pas, enfin, pas trop!

Petit résumé:

En planque sous les fenêtres de l’appartement du neveu d’un député, place de la contrescarpe, Kehlweiler avise soudain une drôle de chose sur la grille d’un arbre. Un petit déchet blanchâtre, au milieu d’excréments canins. Pas de doute, c’est un os. Et même un os humain…Naturellement, lorsque Kehlweiler apporte sa trouvaille au commissariat du 5e arrondissement, les flics lui rient au nez.

Mais ce petit bout d’os l’obsède tellement qu’il abandonne ses filatures parisiennes et suit une piste jusqu’à Port-Nicolas, un village perdu au bout de la Bretagne.

Là vit un pit-bull. Une sale bête, qui avalerait n’importe quoi. Y compris un cadavre.

Reste à trouver le cadavre. ET l’assassin…

Si Talleyrand a couché avec le Rhin pour faire Ludwig, c’est qu’ils avaient de bonne raison tous les deux, et ça les regarde.

Mon avis sur l’ouvrage:

J’ai retrouvé avec plaisir la plume de Fred Vargas. Ici, pas d’Adamsberg mais Kehlweiler et deux évangélistes sur trois. Habituée au duo improbable Adamsberg/Danglard, il m’avait fallu un peu de temps pour accepter les autres personnages mais finalement, ils sont aussi perchés que les premiers et très franchement, je me sens assez proche de ces archéologues à la dérive. Louis/Ludwig (comme on préfère, c’est pareil d’après Marthe) est plus qu’acceptable aussi et ses recherches sur ce qui titille un peu ou beaucoup, ça me convient.

L’histoire est comme toujours faite pour vous retourner le cerveau, ça débute dans la merde de chien et ça passe aussi par la pisse. De Marthe, la vieille pute parisienne qui connait les hommes à la vieille Marie qui pêche les bigorneaux en Bretagne, voilà de quoi bien s’occuper et bien réfléchir.

Si vous n’êtes, ni ingénieur, ni flic, ni chasseur-cueilleurs, ni médiéviste, aucune chance de comprendre quoique ce soit et si vous êtes un de cela, aucune chance de comprendre quoique ce soit quand même!

Plus que l’histoire, ce que j’adore chez Vargas, c’est ce style, cette écriture, ces mots choisis qui me perdent et qui vous percutent. Je suis véritablement addict! Par contre, si le langage utilisé pour vous en parler vous choque, vous n’aimerez certainement pas l’ouvrage…

Marc haussa les épaules et risqua un œil dans le goulot de sa bouteille vide. Incroyable tout ce qu’on peut voir quand on s’enfonce l’œil dans une bouteille vide.

Publié chez J’ai Lu

Lu du 1 au 2 octobre 2019

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